Les bornes royales sont des repères de distance installés le long des routes royales à partir de 1745. On les appelle aussi bornes Trudaine du nom du responsable chargé par Louis XV de rénover le réseaux routier de l’époque. Il s’agit de gros monoblocs de pierre frappés d’un chiffre correspondant à la distance depuis Notre-Dame de Paris et d’une fleur de Lys qui sera très souvent effacée à la révolution. Le chiffre gravé sur la borne indique le nombre de toises qui séparent la borne de Notre-Dame. Une toise correspond environ à 1,9 m. Les bornes étaient installées toutes les 1000 toises (soit 1.9 km) et toujours du coté gauche de la route dans le sens Paris-Province afin de faciliter leur repérage par les postillons qui montaient toujours le cheval à gauche des attelages. Elles servaient aussi à délimiter la zone de corvée royale due par chaque commune pour l’entretien des routes.
La borne de Gondreville est située à l’entrée du village. Elle porte le n°32 indiquant qu’elle se situe à 32 000 toises de Notre-Dame soit environ 64 km. Elle est restée à son emplacement d’origine dans un très bon état de conservation. Elle semble porter des traces d’impacts de balles, traces des mille et un faits historiques dont elle a été témoin.
La borne royale de Gondreville, comme toutes les bornes encore existantes entre le Nanteuil-le-Haudouin et Vaumoise, est gravée d’un S que l’on ne retrouve sur aucune autre borne. Une singularité qu’il est aujourd’hui difficile d’interpréter. On peut toutefois faire l’hypothèse que ce S fut gravé sur ordre du Comte de Lévignen. En 1728, le comte Lallemant de Lévignen, alors intendant du Roi, obtient de celui-ci le droit de dévier la route Paris-Soissons. Elle ne passera plus dorénavant par Crépy en Valois et Vaumoise mais par Nanteuil-le-Haudouin, Lévignen et Gondreville avant de rattraper son tracé originel. Le prétexte invoqué était de raccourcir le trajet d’un quart de lieue. La démarche semblait plutôt destinée à favoriser l’activité de Lévignen et le prélèvement de taxes sur les territoires sous sa coupe. Plus tard vers 1769, le comte, ou son fils, cherchant une fois de plus à encourager les passages sur cette portion de route, ordonna la fermeture de la route du Sacre, route empruntée par les rois pour se rendre à Reims pour y être sacrés. Cette route passait alors par Villers St Genest, Thury, La Ferté-Milon. On peut donc raisonnablement penser que le S frappé sur les bornes renvoie à l’intention de marquer ce tracé de la nouvelle route du Sacre.